Idriss Déby Itno, président de la République du Tchad, Françoise Andrieux, président de l’UIHJ
La délégation de l'UIHJ a également été reçue le même jour au ministère de la justice et des droits de l'homme par Youssouf Abbasalah, ministre de la justice et des droits de l'homme du Tchad, et à l'ambassade de France au Tchad par Son excellence, Evelyne Decorps, ambassadrice de France au Tchad.
Cette rencontre avec le président de la République du Tchad a constitué un événement majeur pour la profession d'huissier de justice au Tchad, relayé par l'ensemble des médias. La délégation de l'UIHJ invitée au palais présidentiel du Tchad comprenait Françoise Andrieux, président de l'UIHJ, Elysée Eldjimbaye, président de la Chambre nationale des huissiers de justice du Tchad, André Sama Botcho, président de la Chambre nationale des huissiers de justice du Togo, vice-président de l'UIHJ, Honoré Aggrey, ancien vice-président de l'UIHJ, Mathieu Chardon, secrétaire général de l'UIHJ, Alain Ngongang, président de la Chambre nationale des huissiers de justice du Cameroun, conseiller spécial de l'UIHJ pour l'Afrique, Issaka Moussa Dan Koma, secrétaire général de l'Unité de formation des huissiers de justice africains (Ufohja), et Ahmed Moussa Youssouf, conseiller de la Chambre nationale des huissiers de justice du Tchad.
Au début d'un entretien de quarante minutes auquel a aussi participé Youssouf Abbasalah ministre de la justice et des droits de l'homme du Tchad, Françoise Andrieux a personnellement remis au Chef de l'Etat un courrier qui lui a été confié à son attention par Christophe Bernasconi, secrétaire général de la Conférence de La Haye de droit international privé. Après en avoir aussitôt pris connaissance, le président Déby Itno a adressé ses salutations à la Conférence de La Haye de droit international privé et a déclaré qu'il ne manquerait pas d'y donner suite dans les meilleurs délais.
Le président Eldjimbaye a indiqué que c'est la deuxième fois que l'UIHJ se rend au Tchad, la première visite remontant à 2006. Le président Andrieux a ensuite présenté l'UIHJ au président de la République du Tchad. Elle a rappelé que l'UIHJ comprenait aujourd'hui 88 pays répartis sur quatre continents et avait pour objectif d'œuvrer pour l'harmonisation de la profession d'huissier de justice au niveau mondial, ainsi que d'assurer la mise en place d'un huissier de justice indépendant pour garantir l'Etat de droit. « La formation est au cœur de ce processus d'harmonisation » a poursuivi le président Andrieux. Elle a expliqué que l'UIHJ est fortement impliquée en Afrique depuis « L'Appel de Dakar » de 1996. Elle a ajouté que le vingtième anniversaire de cet événement historique pour la profession d'huissier de justice allait être célébré fin avril 2016 à Dakar. Elle a invité le président Déby Itno à y participer.
« Les citoyens peuvent avoir confiance dans le système judiciaire grâce à l'huissier de justice, dernier maillon de la justice » a confié Françoise Andrieux. C'est la raison pour laquelle l'UIHJ organise depuis vingt ans des séances de formation pour les huissiers de justice africains, a-t-elle poursuivi. L'UIHJ nourrit des relations étroites avec l'Ohada, l'Ersuma, et l'Uemoa. L'harmonisation de la profession peut se faire au moyen d'un statut harmonisé de la profession. Elle a indiqué au président de la République, également président de l'Union africaine pour l'année 2016, qu'un projet de statut harmonisé de l'huissier de justice avait été présenté à l'Uemoa par l'UIHJ et qu'il était en cours de discussion. Le président Andrieux a enfin suggéré à Son Excellence d'établir au Tchad des maisons du droit qui réunirait en un même lieu les professionnels libéraux de la justice, huissiers de justice, avocats et notaires, afin d'offrir une meilleure visibilité au justiciable. « Le Tchad pourrait servir de modèle pour les autres pays » a conclu Françoise Andrieux.
Idriss Déby Itno a souhaité la bienvenue au Tchad et au palais présidentiel à la délégation de l'UIHJ. Il a remercié l'UIHJ pour avoir choisi son pays pour ce colloque international. Il a indiqué qu'il prendrait connaissance avec intérêt des recommandations qui allaient être rédigées à l'issue des travaux. Il ne peut y avoir de paix sociale sans réelle justice et les citoyens doivent avoir confiance en leur justice, a souligné le Chef de l'Etat, faisant référence aux travaux menés dans le cadre des assises générales de la justice de 2003. « Le pays est très grand et il faut d'occuper de tout le monde » a-t-il précisé. Il existe un réel besoin en termes de recrutement et de formation du personnel de justice, magistrats, greffiers, a reconnu le président de la République, constatant que les règles de l'Ohada ne sont pas toujours pleinement perçues par les magistrats, lesquels ne sont pas assez nombreux. Idriss Déby Itno a insisté sur les efforts à faire dans ce domaine afin d'assurer la confiance dans les institutions judiciaires de son pays, faisant de la justice un secteur prioritaire pour son gouvernement.
A la fin de l'entretien, Françoise Andrieux a chaleureusement remercié le Chef de l'Etat d'avoir reçu la délégation de l'UIHJ. Elle lui a remis la Grande médaille de l'UIHJ pour le remercier de ses actions en faveur de la profession d'huissier de justice. Le président de l'UIHJ lui a également remis des exemplaires du Code mondial de l'exécution.
L'événement a été largement relayé dans tous les médias du pays, donnant un éclairage sans précédent au Tchad sur la profession d'huissier de justice, jusqu'alors peu connue.
Le matin, Françoise Andrieux, Mathieu Chardon et Elysée Eldjimbaye ont été reçus à l'ambassade de France au Tchad par Son Excellence, Evelyne Decorps, ambassadrice de France au Tchad. Le président Andrieux a évoqué les actions de l'UIHJ en faveur de la profession d'huissier de justice, insistant sur l'importance du modèle français qui avait influencé de nombreux systèmes en Europe et en Afrique, en particulier en Afrique centrale et l'ouest. Françoise Andrieux a indiqué que la présidence de l'UIHJ était revenue à la France depuis le congrès international des huissiers de justice de Madrid en juin 2015. Elle lui a remis un exemplaire du Code mondial de l'exécution. Au cours d'un long entretien très ouvert et cordial, Evelyne Decorps a fourni des explications très pertinentes sur les spécificités tchadiennes et les liens entre la France et le Tchad, notamment pour renforcer le système judiciaire tchadien. Concernant le 20e anniversaire de l'Appel de Dakar qui sera célébré à Dakar fin avril 2016, le secrétaire général de l'UIJH a rappelé que l'Appel de Dakar de 1996 avait été rendu possible grâce au soutien du ministère des Affaires étrangères de France.
Enfin, last but not least, la délégation de l'UIHJ a également été reçue dans l'après-midi au ministère de la justice par Youssouf Abbasalah. Le ministre de la justice et des droits de l'homme, nouvellement nommé quelques jours auparavant, a assuré au président de la Chambre nationale des huissiers de justice du Tchad de sa collaboration étroite pour renforcer la profession dans son pays. « Les huissiers de justice doivent exécuter de bonnes décisions. Il faut donc agir en amont et en aval », a analysé Youssouf Abbasalah. Comptant sur le soutien de l'UIHJ, il a indiqué qu'un programme d'ensemble allait être engagé, avec une consultation de l'ensemble des partenaires afin d'assurer toutes les améliorations requises. Il a ajouté que les recommandations du colloque de N'Djamena constitueraient à cet égard un précieux document.
Françoise Andrieux a répondu que l'UIHJ mettait ses experts à la disposition des autorités tchadiennes, ainsi que ses outils, comme le Code mondial de l'exécution et le Grand questionnaire de l'UIHJ. Elysée Eldjimbaye a évoqué les problèmes de sécurité auxquels sont confrontés les huissiers de justice tchadiens et la nécessité d'une formation renforcée pour l'ensemble du personnel judiciaire. Il a assuré que la Chambre nationale des huissiers de justice du Tchad était à la disposition du ministère de la justice et des droits de l'homme du Tchad pour permettre l'ancrage du droit au Tchad. En réponse, le ministre a assuré qu'il allait tout mettre en œuvre pour assurer la protection des huissiers de justice dans l'exercice de ses fonctions et une collaboration étroite entre les deux institutions.